Figure peu connue de l’anarchisme, Mohamed Saïl a été un militant anticolonialiste et anticapitaliste remarquable. Né en 1894 en Algérie, alors colonie française, et décédé à Paris en 1953, il a contribué à de nombreux journaux anarchistes dont L’Éveil social et Le Libertaire. Une trentaine de ses écrits ont été compilés par Francis Dupuis-Déri et publiés chez Lux Éditeur l’automne dernier : « L’étrange étranger. Écrits d’un anarchiste kabyle« .
Cet ouvrage jette un éclairage différent sur la situation en Algérie pendant la colonisation et apporte des éléments essentiels à la compréhension de plusieurs phénomènes actuels, comme la situation des descendants des immigrants dans les banlieues parisiennes ou les revendications des Kabyles auprès du gouvernement algérien pour obtenir une certaine autonomie. En effet, comme l’explique Mohamed Saïl, le fonctionnement du gouvernement traditionnel kabyle repose sur un système de communes autogérées, semblables à celles prônées par les anarchistes de cette époque. Le retour à cette autonomie qui semblait si évidente aux yeux de Saïl reste toujours d’actualité.